nom de code : MAO
Un passé, vieux de 20 jours, fait l’objet de notre histoire d’aujourd’hui. Depuis la sortie de l’autobiographie du premier policier noir à Montréal, cette communauté brûle de fièvre. Chacun a ses raisons, de plus on a raison de s’y intéresser. Cependant les raisons de notre motivation ne sont pas nécessairement les mêmes. Les miennes par exemple. Bien sûr que j’invitai l’auteur ici même dans notre studio. Je lus aussi son récit intense, avec une certaine intensité. La saveur romanesque de son autobiographie retint mon attention. Une attention soutenue. L’intérêt que je portai ne fut pas nécessairement pour les techniques policières, je ratai déjà cette carrière. La drogue non plus, car je n’en fais point usage. Cependant mon attention d’homme marié s’arrêta précisément à la page de la femme riche qui possédait une Porche. La description de la femme m’intéressa, plus que celle de la voiture. Tout le monde connaît ou a déjà vu une de ces belles femmes inaccessibles sans le sous, que dis-je, sans les gros paquets de billets verts. Dany Laferrière nous en a parlé dans son fantasme de ‘’comment faire l’amour’’. L’affaire parle d’elle- même.
Faire l’amour à l’une de ces nanas ‘’luxueuses’’, m’était accessible. Bien entendu dans mes fantasmes pour deux raisons: l’une, je suis marié, c’est ce qui devait me condamner dans mon histoire et l’autre: je n’ai pas le sous et ma plus belle voiture fut ‘’une mazda GLC’’ qui ne marchait pas. Le hic de l’histoire, c’est que l’une de ces belles femmes se laissa épater par un ‘’chausseur ‘’de bottes de travail comme moi. Je m’en sortis assez surpris de la faisabilité d’une telle relation. Un certain Monsieur, noble de son nom, Navard de Richard, témoin de la scène n’était pas loin de solliciter ma place. Elle était enviable et il avait raison. Les mérites, à vrai dire, reviennent aux méthodes : « Laferrière », qui, décidément sont très efficaces.
Pour mon malheur, on s’invita, la fille et moi, à continuer la soirée qui commença avec la présentation du livre d’Édouard Anglade – nom de code : MAO -. Elle accepta, je dis : elle car j’ignore encore son nom.
Bien sûr que j’acceptai. J’étais sûr que ma compagne conjugale désisterait l’offre de m’accompagner ce soir-là. Je regagnai mon domicile dans une belle voiture de luxe – dans notre langage une roulibe quoi ! -.
Désireux de me rafraîchir ‘’le corpus’’ et me mettre à la hauteur, je voulu paraître bien !
J’oublie de préciser que le rendez-vous a lieu au centre culturel de Brossard.
La fête culturelle de l’UHQRSM, quoi.
Je lui avais promis de la faire danser sur la pointe de mes pieds. Vous voyez le genre, très intime quoi !
À la maison, l’accueil fut chaleureuse à mon égard, tout au moins pour le moment. Ma femme décida de se joindre à la fête, pas la mienne en tout cas.
Coup de théâtre, j’étais pris au piège. La voiture décida de démarrer au lieu de tomber en panne. Je trouvai vingt dollars disponibles, ceci malgré ma précarité financière et je me présentai accompagné de ma femme pour faire face à MAO de son nom de code, qui m’attendait à l’entrée.
Je perdis tous mes moyens et la soirée fut ce qu’elle fut.
Cette belle fille du nom de code MAO doit m’en vouloir.
Je restai avec mon fantasme.
Cet article fait l’objet de mes archives de 1995 (chroniques Radio Rive-Sud et de magazine). J’ai rencontré Édouard Anglade par hasard, au CIDIHCA qui se trouvait angle St. Pierre et St. Paul au Vieux-Montréal. Il m’invita au lancement. Je l’ai présenté par la suite à Henry Salgado, animateur de À tout art tout artiste sur les ondes de CIBL FM, au Salon du Livre de Montréal.