LE MAIRE DE MONTRÉAL AU PARFUM ANTILLAIS
Le nouveau maire de Montréal monsieur Gérald Tremblay n’est pas un homme sans surprise. Il est passé d’ami à adversaire politique de Pierre Bourque, quittant ainsi le niveau provincial, il est passé à la politique municipale. Dès les premiers jours de son mandat, il est passé de riche bourgeois renfermé à défenseur des sans-abris. Pendant toute la campagne électorale il a pour le moins donné l’impression d’être très distant de la communauté noire et d’ignorer leur réalité. Aujourd’hui, c’est ce même Gérald Tremblay qui essaie de se rapprocher de la communauté noire, il se met au parfum antillais. Après avoir intégré Alain Jean Bart dans son arc, nous avions, au milieu du mois de février, obtenu des informations très sérieuses qui laissaient croire à une rencontre rapprochée avec une classe de jeunes leaders dans cette communauté. Cette rencontre a eu lieu le 19 février dernier. À l’image de l’ancien maire qui avait posé le même geste au tout début de son mandat, le maire Tremblay fonce dans le tas. Des noms sont cités: Myrlande Pierre membre du Bloc québécois, Pierre Gérald Jean de l’association des enseignants haïtiens, Frantz Benjamin commissaire scolaire sympathisant du camp Tremblay, Yvon Agnan ancien organisateur politique, Pascal Jean-Baptiste de la caravane de la citoyenneté et d’autres encore. Les organisateurs politiques du maire semblent nourrir une préférence pour la jeunesse sans écarter nécessairement les perpétuels représentants de la vieille garde de la communauté. Des contacts sérieux sont cultivés dit-on dans le but de tisser des liens étroits. C’est à se demander quelle sera la prochaine surprise du nouveau maire de Montréal. C’est un dossier à que nous suivons de très près.
Si les données politiques sont aujourd’hui incertaines pour le PQ, elles ne le sont pas moins pour l’Union du maire Tremblay. L’influence des Zampino, Trend, Libman provoque déjà une saveur de dérapage. C’est pourtant une approche très libérale qui domine le haut du pavé, une impression de favoritisme et de clientélisme. Par contre le risque de prendre les Noirs pour acquis ne semble plus plaire au maire qui, dans ce domaine semble vouloir paver la voie aux libéraux, voie qu’avait déjà indiqué l’ancien maire Bourque. C’est dans ce contexte à saveur électorale que se joue le rapprochement du maire Tremblay qui semble découvrir brusquement certaines vertus de la communauté haïtienne qui partageait déjà le fait francophone avec la société d’accueil. Aujourd’hui des liens plus étroits semblent définir le jeu. L’issue des dernières élections municipales pose la problématique différemment dorénavant. Le candidat Tremblay ne savait-il pas comment aborder les Haïtiens ou les haïtiens étaient-ils sceptiques ? Tremblay aurait en vain, mais tout fait pour convaincre Myrlande Pierre et Frantz Benjamin de se présenter à ses côtés. Les contés offerts étaient gagnants. C’est au tour de la communauté haïtienne d’être invitée à participer au prochain sommet de Montréal.
La communauté haïtienne de Montréal à deux doigts du sommet de Montréal.
Le nouveau maire de la grande ville de Montréal ne semble ménager aucun effort pour intégrer la communauté haïtienne de Montréal dans le bateau du sommet de Montréal. Tout y est mais rien n’est pas encore prêt. La communauté haïtienne est à deux doigts du sommet de Montréal mais à deux doigts de l’intégrer ou de rater le bateau ? C’est plutôt là la question !
C’est par son frère que le maire Tremblay semble se rapprocher de plus en plus près de la communauté haïtienne de Montréal. Et, il y met de la gomme ! La rencontre du 19 février dernier au centre des loisirs Saints Martyrs des Canadiens était très significative. Le dialogue paraissait franc et les ouvertures réelles. De plus près, je n’ai pas encore vu le milieu du pouvoir se rapprocher autant de la communauté haïtienne. Que peut cacher le jeu du maire Tremblay ?
Sans être adepte du ballon rond, sport préféré de haïtiens, le maire Tremblay serait-il beau joueur malgré tout puisqu’il a placé magistralement la balle dans le camp de la communauté haïtienne de Montréal. La rencontre du délégué du maire monsieur Marcel Tremblay, conseiller dans NDG, avec plusieurs membres de la communauté était conclue par une résolution majoritairement adoptée par l’assemblée formée de membres qui avaient répondu présents à cette convocation. Cette résolution définissait le cadre d’un travail préparatoire d’un comité formé de sept membres en vue de préparer une consultation au sein de la communauté avant le sommet de Montréal. Cette idée a tout même plu à Marcel Tremblay qui a promis tout son appui, en expliquant la technicité qui ralentissait l’intégration des Haïtiens dans les hautes sphères décisionnelles du pouvoir. Une question d’expérience due au manque de participation et d’engagement des aînés de la communauté.
C’est pour palier à cette faiblesse que les autres acteurs de la communauté, selon la résolution adoptée, devront être consultés en vue d’une harmonisation des résultats. La deuxième rencontre du 12 mars dernier démontre l’ampleur de la tâche qui doit être accomplie. Les défis s’appellent compromis, communication, collaboration. L’enjeu est majeur puisque l’échéancier ne nous laisse pas beaucoup de temps. L’occasion est unique parce que les membres de la communauté auront, s’ils réussissent à s’entendre entre eux, une voix officielle et un point précis dans le calendrier du sommet de Montréal. Une occasion qui ne se représentera pas de sitôt. C’est du moins ce qui a été offert.
Du sable dans l’engrenage.
Monsieur Marcel Tremblay semble entretenir des contacts privilégiés avec Yvon Agnan un organisateur politique et Fritzberg Daléus un homme de culture très connu dans la communauté. Par contre, les tiraillements provoqués par les bourdes de certains organismes communautaires ne sont pas négligeables. Des noms comme le CÉPHAM semblent hanter cette tentative d’alliance. Si plusieurs jeunes se rangent derrière la démarche, il va falloir s’attendre à la réticence d’une classe de perpétuels subventionnés qui ne veillent qu’à leurs gains personnels. Aussi faudrait-il que les responsables de l’organisation de la rencontre préparatoire démontrent plus de compétences et de conviction dans cet exercice démocratique qui prend de l’ampleur. De plus, les consultations au niveau des arrondissements et des localités semblent échappées au contrôle des citoyens. Ce n’est pas encore tout à fait l’aube du sommet, c’est encore le temps d’agir.
Toutefois, nous nous interrogeons sur la motivation réelle du maire Tremblay. Croire en sa volonté, sa bonne foi ou, aux pressions exercées par notre organe de presse : Pas de Noirs dans le camp Tremblay. Dans les deux cas le seuil du minimum est loin d’être atteint. Nous demeurons vigilants de notre côté. Dans l’alternative de la bonne foi du maire, nous agirons en témoins privilégiés.
Dan Albertini
Chronique Socio-Politique ; Journal PAMH de Montréal ISSN1496-077X, volume 2 numéro 15. Mars-Avril 2002, Page 11. Archives situées à la BANQ, rue Berri