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CONFÉRENCE MONDIALE CONTRE LE RACISME ET LA XÉNOPHOBIE

Les masques sont tombés en Afrique Du Sud

Il est minuit moins le quart, juste un peu de temps avant le coup d’envoi de la conférence mondiale. Le titre est ronflant mais l’affaire est sérieuse. Sans vouloir amplifier, le réaliste de l’affaire est que des pays au passé colonisateur, avec tout ce que cela implique, seront à la même table que leurs victimes d’autrefois. Ils vont se parler de racisme, de xénophobie et d’exclusion. La réalité veut aussi que ces pays au passé esclavagiste hébergent chez eux aujourd’hui, l’épineux problème du racisme. En fait, le blanc a mis sur la notion du racisme sur la table et depuis peu, commence à se reconnaître dans ce miroir. Le Canada le confirme à travers son dossier préparatoire pour la conférence de Durban. Cependant, il n’est plus surprenant que ceux qui sont victimes du racisme, de la xénophobie, de l’exclusion viennent pour la grande majorité des pays où l’esclavage faisait rage, alors que, aujourd’hui encore, les anciens colonisateurs dominent et s’accaparent de la richesse de ce qu’ils appellent le tiers-monde. Regardez la France et l’Afrique noire. L’Afrique du Sud, pays hôte de la conférence, un cas pathologique contemporain. Les blancs sont catégoriques: exclusion totales des noirs.

En fait, c’est une bonne chose que de s’asseoir ensemble et de discuter: égal à égal ? Le Canada a eu le courage de publier ses réflexions et son plan d’intervention sur le web (un outil à la portée de tous dans le monde entier). Cependant, là où le bât blesse et, ça irrite, ce sont des pays comme Haïti (ancienne colonie française) qui, malgré les capacités du web et leurs multiples adresses de courriel, ne publient ni, ne réponde aux demandes sur leurs réflexions et leur plan d’intervention. Il y en a d’autres, Haïti n’est pas le seul.

Permettez-moi de faire référence au dossier du CIO où, les ”grands” pays achetaient le vote des ”petits” pays avec une promesse d’aide au développement ou une aide personnelle au représentant. Dans le cas de la conférence mondiale ce sera peut-être le silence qu’on achètera puisqu’on en sait jusqu’à présent rien de leurs intentions.

Avouons qu’il y a matière à inquiéter !

L’affaire est vraiment sérieuse car des pays comme Haïti qui ont des ressortissants dans les pays comme le Canada et le Québec, victimes de racisme et autre, comment interviendront-ils, à travers leurs relations diplomatiques, en faveur de ces ressortissants alors qu’ils gardent le silence pour cette conférence. N’oublions pas que ces ”grands” pays interviennent par ce même créneau dans la politique des ”petits” pays dans le domaine des droits de l’homme. Là où l’inquiétude augmente, permettez-moi encore une référence, c’est quand les ”grands” intervenants de cette table de discussion viennent de la même école que le nouveau président Georges Painchaud de la Fraternité des policiers de la Communauté Urbaine de Montréal. Une école, un système, un homme qui veut faire taire le passé dans le cas de l’affaire Barnabé et, passer à autre chose. Quelle chose ?

Donc l’affaire est vraiment sérieuse !

Dans tous les cas, justice sera égale à réparation sinon c’est la honte.

Le racisme (suite). –  les masques tombés et maintenant ? Trois jours avant la fin. – La barrière est réelle, mieux, systématique. Ce n’est plus une tendance, c’est une pratique…, subtile. Nous assistons aujourd’hui à la première levée de boucliers des dirigeants de certaines grandes démocraties dans le monde contre les enjeux réels de la conférence de Durban en Afrique du Sud. Peut-on regarder avec indifférence les effets dévastateurs de l’esclavage sur les peuples noirs au moment où l’on parle de démocratie totale, l’impunité serait-elle une faveur pour certains ? Georges W. Bush, plus visible que les autres, n’est pas le seul comportement méprisable, d’autres plus subtils se cachent en arrière d’un écran qui leur permet de faux semblants. Certains profitent même de leur tribune pour faire de la diversion. Une diversion qui cache une obstruction au point que: légitime insistance se confond à embarrassant harcèlement. L’affaire ne se limite pas Durban, elle s’étend de l’indifférence à la résistance de la politique québécoise jusqu’aux aux frontières des grands médias. Que penser, lorsque le comportement des dirigeants de l’un des peuples les plus démocratisés au monde frise la complicité au statut quo! L’absence du premier ministre Bernard Landry à cette conférence internationale fait l’objet d’inquiétude quand on pense à son empressement de revendiquer au Canada le droit de participer en tant que nation à d’autres conférences de ce calibre. Comment les Québécois de race noir doivent-ils interpréter l’attitude de celui qui dit proposer une nation nouvelle ?

Il serait maladroit de juger le comportement des politiciens seulement car, des institutions qui aspirent à la justice couvent encore aujourd’hui des préjugés défavorables envers les citoyens de race noires. Combien j’ai été surpris d’apprendre de madame Jumelle (une juge administrative d’origine haïtienne), que le Barreau des avocats ne montrait pas patte blanche en la matière. Elle même, avait dû déchirer sa licence et la leur remettre en guise de protestation contre le degré élevé de racisme au sein du Barreau. Aujourd’hui encore, elle milite contre le niveau élevé de racisme. Dans son cas, dirait-on que la lutte contre la discrimination envers les femmes a été plus efficace que celle contre le racisme. C’est là où l’intervention des grands médias ressemble à du mépris, se confondant à de la complicité. La Presse dans son édition du mercredi 29 septembre dernier soulevait le problème de l’homosexualité noire dans le contexte de la conférence de Durban. L’affaire peut paraître normale. Cependant la cause des homosexuels ne peut et ne doit pas se confondre au problème du racisme dans la société. Les deux doivent se résoudre séparément car la communauté noire ne se réclame pas d’être homosexuelle. Lorsqu’on connaît le puissant lobby de cette communauté-ci dans les milieux de la politique, des arts, de la haute finance, … etc., cette cause ne peut être défendue sur le dos des Noirs. Dix ans plus tard, qu’en sera-t-il ?

Cette attitude du journaliste de la Presse est carrément suspecte et laisse à désirer. Devrait-on dire: cette attitude du journal la Presse qui cultive cette mauvaise habitude de se servir des Noirs pour justifier ses points de vue. Rappelez-vous des vandales de la St. Jean à la bibliothèque de l’Assemblée Nationale du Québec, la photo d’un jeune Noir était utilisée pour expliquer les dégâts commis par des Blancs. Quand la politique et les grandes entreprises trouvent le support des médias, on peut comprendre facilement pourquoi la notion du racisme est encore si élevée. Que penser alors de la revendication des Noirs dont les parents ont été victimes des atrocités de l’esclavage ! Ces derniers jours, j’écoutais un journaliste de Radio Canada qui concluait déjà sur l’issue des revendications des Noirs relativement aux dédommagements réclamés. N’est-il pas encore trop pour émettre des hypothèses, mieux, l’unique hypothèse quant à la solution possible. N’est-ce pas là une suggestion à la politique ?

L’esclavage est un crime contre l’humanité, ses fruits ne peuvent pas être ignorés, au profit des responsables. Cela mérite réparation. La France et les autres doivent en répondre. Le racisme aujourd’hui, est la prolongation du bras de l’esclavage qui crée des citoyens de second ordre de manière à empêcher leur épanouissement en les condamnant à une position inférieure, les empêchant de comprendre les passé, un passé encore récent, et, perpétuant ainsi la domination de l’homme blanc.

L’heure n’est plus à la patience, l’heure est à la stratégie. Le Canada est peut-être le meilleur des alliés de la cause. Les alliés devront mieux se rassembler aujourd’hui pour contrer cette vague dont le président Bush semble vouloir se réclamer d’être l’ambassadeur. L’heure est aussi à la vigilance car les noyaux durs vont essayer de renvoyer la balle. Définitivement, les richesses accumulées sur le dos des Noirs doivent être mieux partagées aujourd’hui.

Dan Albertini


Chronique Culture & Société ; Journal PAMH de Montréal ISSN1496-077X, volume 1 numéro 11. Septembre 2001, Page 5. Archives situées à la BANQ, rue Berri

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